Selon Monsieur Marcel Kugler revenu
et habitant toujours à Juvelize
Lorsque les premiers juvelizois sont arrivés à Saint Beat,
avec leurs cinq kilos de bagages , ils ont été ravis par l'accueil...
...ils ont été logés dans
des maisons meublées !
Après quelques petits larcins, vols de poulets, d'habits…la
tension monta, mais très vite la confiance revint.
Le dimanche après la messe et les après-midi, tous se retrouvaient
au café pour des longues parties de cartes : la belote et aussi
….la ferme.
Les gens étaient affables.
Un chose a étonné les Juvelizois en arrivant : le manque
d'eau courante dans les maisons et les toilettes dans des pots
de chambre soit dehors !
Juvelize avait l'eau courante, avant la première guerre
mondiale.
Une remarque a profondément marquée les esprits des réfugiés,
après le premier contact avec le curé de l'époque, il a dit
en chaire : " Il vaudrait mieux pour vous, que les Allemands
gagnent la guerre ! ".
Monsieur Gorius s'en souvient lui aussi.
Très vite les réfugiés ont essayé de se trouver du travail
; ceux qui ne trouvaient rien , avaient droit à une allocation
de 12 francs.
Les jeunes de 20 à 21 ans étaient obligés de rentrer dans
les chantiers de jeunesse.
Ils logeaient dans des baraques, dans la nature au grand
air ; les réfugiés devaient servir pendant 6 mois et les autres
pendant 8 mois.
Dans ces camps la vie était toute militaire : levée des
couleurs à 7 heures, appel, et travail dans la journée. Ils
avaient un uniforme, un calot, un sifflet et un bâton pour défendre
le camp ! Après voir appris à marcher au pas, différents travaux,
d'utilité publique, étaient prévus en fonction de la saison.
Ils fabriquaient du charbon de bois à parti des forêts incendiées
vers Casteljaloux - charbon de bois qui servait de carburant
pour les camions munis de gazogènes.
Ils faisaient les vendanges et aussi gemmaient les pins
pour des usines de térébenthines…
Dans l'ensemble on vivait bien. Monsieur Kugler père travaillait
dans une ferme et était payé en nature : lait, viande de mouton,
porc, beurre…
Il fallait cependant payer son loyer.
Le fils Marcel travaillait dans une usine. L'usine payait
bien :
2 francs 50 l'heure.
Les emplois étaient surtout des emplois dans les carrières
nombreuses dans le secteur, à l'époque.
Par contre MM. Gorius , Remi Mansuy, Tournaire travaillaient
aux chemins de fer dans le transbordement à Marignac.
De petits trains ( sorte de tramways ) partaient avec leurs
chargements par le Val d'Aran vers l'Espagne toute proche. Une
anecdote de cette période reste encore très vivace dans les
esprits : ils ont foré un trou dans un fût de vin pour y ponctionner
quelques bouteilles et refermer à l'aide d'une cheville de bois
!
Une autre anecdote : au café-boulangerie tenu par une vieille
fille, qui réclamait ses tickets de pain n'entrait pas toujours
dans ses fonds, car après quelques verres de vin, plus personne
ne savait qui avait donner des tickets et qui n'en avait pas
donner. Mais ceux qui avaient resquillé allaient à la boulangerie
d'en face acheter un supplément de pain.
Les après-midi se passaient en promenade en famille qui
permettaient de se retrouver avec les autres réfugiés, notamment
ceux de Vic sur Seille.
Les réfugiés ont regretté de ne pas voir souvent leur curé
l'abbé Fiacre, lui-même réfugié à
Cazères, sauf une fois, lorsqu'il est venu voir un des
marguilliers - le trésorier du conseil de fabrique de la paroisse
de Juvelize - probablement pour une signature.
L'intégration se faisait rapidement même que les Juvelizois
se mettaient au patois local la langue d'oc !
La plupart entretiennent encore de nos jours des relations
très suivies avec leurs amis, ainsi Monsieur Kugler correspond
encore ou téléphone à ses amis : Gaston Delong, Roger Daspet,
Léon Amat ….
Les retrouvailles sont toujours très joyeuses comme en 1988/89
.