Histoire
de Juvelize entre 1939 et 1947.
Ecrite
par Monsieur François FONDRETON, ancien instituteur
de la localité, conseiller municipal et retranscrite par moi-même,
abbé LEBRUN, curé de Juvelize.
Lors
de la déclaration de guerre, les hommes mobilisables partirent
rejoindre leur unité.
Le village
vit une période assez calme jusqu’à l’arrivée, en septembre,
d’une compagnie d’aérostiers, qui devait rester en cantonnement
jusqu’à Noël. Puis se succédèrent différentes formations,
entre autres, une section de 13 chars d’assaut qui séjourna
trois mois dans le village.
Au mois
de juin, la population suivait avec angoisse le recul de l’armée
française jusqu’à ce que le 14 juin, le bruit courut que la
ligne Maginot était enfoncée et que les armées allemandes
approchaient.
C’était
vrai et le dimanche 16 juin on les attendait d’une minute
à l’autre. Vers midi, les troupes qui étaient en cantonnement,
se retirèrent et dans l’après-midi, il ne restait plus que
quelques soldats français et une trentaine de polonais, pour
couvrir la retraite.
Des canons
antichars furent installés au milieu et à l’entrée du village
vers Dieuze. Le soir venu, les habitants se cachèrent dans
les caves. De temps à autre, dans la nuit, un obus éclatait
aux abords du village et le mâtin du 17 juin, vers 5 heures,
des balles incendiaires furent projetées sur les maisons ;
cinq immeubles et la tour de l’église furent incendiés. En
peu de temps, la flèche et le beffroi furent embrasées et
les trois cloches fondirent dans le brasier.
Dans
l’escarmouche qui avait eu lieu, un capitaine et deux lieutenants
allemands ainsi qu’un soldat français furent tués à l’entrée
du village.
La canonnade
terminée, les habitants se hasardèrent dans les rues. Un soldat
polonais attardé, qui refusa de se rendre fut abattu. Il est
enterré au cimetière.
Quatre
officiers allemands arrivèrent en auto. Ils pénétrèrent dans
une maison inhabitée à côté du presbytère et dans laquelle
se trouvait une vingtaine de bicyclettes abandonnées par les
soldats français. Ils y mirent le feu.
Le village
était aux mains des allemands.
Ils firent
enquêtes sur enquêtes pour savoir s’il y avait des juifs,
une section du souvenir français, des ligues patriotiques
etc…
Vu qu’il
n’y avait rien de tout cela, un membre de la GESTAPO ( police
secrète ) s’écria :
«
Heureux village »
ce qui
n’empêcha pas que toute la population fut expulsée le 16 novembre
au mâtin.
Quelques
habitants se réfugièrent en Meurthe et Moselle, mais la majorité
fut expulsé en Haute Garonne et répartie en quatre localités
: Muret, Cazères, Carbonne, Saint Béat.
Le village
était alors occupé par des « Siedler » et par des habitants
de Haspelschied (près de Bitche) rentrés de Charente où ils
avaient été évacués lors de la mobilisation de 1939.
En septembre
1944 de durs combats furent livrés dans la contrée.
Juvelize
fut incendié : sur 62 maisons, il ne resta plus que 25, elles-mêmes
sérieusement endommagées.
A partir
de Noël 1944, les habitants réintégrèrent leur foyer petit
à petit.
Peu sont
restés dans le midi. Quinze personnes moururent en expulsion.
Les corps furent rapatriés sauf un qui n’a pas été réclamé
par la famille.
Des baraquements
furent construits pour 28 logements ainsi que des écuries
et des hangars agricoles.
Lors
des combats de septembre, l’église a reçu un obus juste au
dessus de la chaire, il a fracassé les poutres et le plafond.
Des éclats ont abîmés quelques bancs. Les vitraux ont été
pulvérisés, sauf un offert par l’abbé FIACRE, curé de la paroisse
représentant l’Annonciation. De 1944 à 1947 des planches ont
remplacé les vitraux .
De 1940
à 1944, le curé de la paroisse, l’abbé FIACRE, a été expulsé
avec ses paroissiens. Quand il est rentré, il a trouvé le
presbytère endommagé par les obus et par les armées d’occupation.